mercredi 27 février 2008

Le printemps

Extraits d'une correspondance qui a bouleversé ma vie ces derniers jours :


Je ne fous absolument plus rien depuis quelques jours, errant ça et là, me connectant sans arrêt pour ne rien faire, et délaissant mon travail.

(...)

Non, je ne fous RIEN... je me contente d'aller vaguement écrire de nouvelles chansons, en fumant mes camels à la chaîne, la nuit. Et la journée, je regarde le printemps naître. C'est une occupation qui m'accapare déjà pas mal chaque année, mais là, ça bat des records. Alors : les magnolias, dont les boutons grossissent déjà depuis un mois déjà vont d'ici peu nous faire une envolée de rose pâle et de blanc, les crocus ont jailli et tachètent les pelouses de violet dur, jaune safran et blanc neige, les herbes de pampas balancent leurs nouveaux plumeaux dans le vent qui se réchauffe sans se magner. Le héron du jardin des plantes recommence sa danse pour les badauds autour des bassins. et bientot, ce sera au formidablement croulant cerisier blanc du japon de nous enivrer de son indicible parfum (vois-tu où se situe cet arbre dans le Jardin ? Vers la mi-mars, c'est une chouette d'expérience d'aller rôder autour de lui) Pour le moment, la saison des odeurs est à la Jacynthe, délice s'il en est. Et puis nous arriverons au point d'orgue de l'année : le Seringa !

(...)

tu arrives par hasard et c'est une vraie bouffée d'air frais ! je ne sais pas pourquoi vraiment. Très vite, un mail de toi me colle d'office un sourire bêta sur la figure. et je ne me lasse pas de lire et relire. Hier, je finissais le premier tome de Harry Potter avec un élève (18 ans mais qui sait à peine lire). Il était autour de 19h et je me suis surprise à me connecter sur l'ordinateur de son bureau (la ruse était bonne : il m'arrive souvent de pianoter sur son ordi pour illustrer quelques définitions de mots qu'il ne connaît pas. qu'est-ce qu'une hermine ? (Hagrid fait souvent des sandwiches à l'hermine pour accompagner le thé) qu'est-ce que le jais ? une pierre noire. regarde (hop, un coup de google image) les cheveux de jais, ça ne veut pas dire que les cheveux sont en pierre mais qu'ils sont noirs. c'est une métaphore. (Harry Potter a les cheveux de jais et les yeux émeraude) Oui, donc, je me connecte en douce, et plusieurs fois pour voir si par hasard,, je n'aurais un message de P. Voix intérieure : "mais ça va pas ma grande" Mon élève continue à lire difficilement. Il s'arrête : "à toi !" je prends le relai. on a juré de finir le livre aujourd'hui, et il sait que je lis plus vite que lui. (pas très dur) on en est au moment ou Gryffondor va gagner la coupe des maisons contre toute attente, grâce aux points de dernière minute accordés par Dumbledore en personne. Exit Serpentard. La foule applaudit, explosions de joie etc... Je suis tellement émue par cette victoire des courageux que ma voix s'étrangle et je n'arrive plus à lire. (voix interieure bis :" tu fais flipper, grosse !") Si je continue à lire, je vais perdre toute crédibilité auprès de lui. "Bon, continue, Vincent, on arrive au bout, c'est toi qui dois prononcer les derniers mots, allez !" Mon envie de pleurer se transforme en fou rire, que je ne peux retenir (du coup, Vincent, largué, cherche à tout prix quelque chose d'irrésistiblement drôle dans le texte) Je pense à toi qui me mets dans des états pareils, cachotière, à fleur de peau, qui me fait perdre la face devant mon grand dadais de rouquin.


autre passage :

Cette envolée sur Harry Potter, je l'ai lue de nombreuses fois, j'ai vu les balais volants, les robes de sorciers, les sages sages, Vincent a bien de la chance. Moi aussi je ris et je pleure en évoquant ton irruption. Mais lorsque je porte mon doigt du coin de mon oeil à ma langue la virtualité du sel capitule devant mes papilles ; et jusqu'à récemment je n'avais pas souvenir d'avoir souris béatement devant une mêlée de rugby, qui plus est croisée au hasard d'un détour peu gastronomique. Mon expérience du genre (: Te lire et t'écrire m'émeut (m'émeuvent ?), écrire et lire m'ont (je tranche) déjà ému. Je risque ma vie tous les jours sur les passages piétons depuis une semaine, j'ai déjà risqué ma vie sur les passages piétons (j'aime bien le côté dramatique, je le verrai avec l'accent raclant de Lucchini, la tête s'éloignant de manière prononcée de l'axe des épaules). Je suis dans la brume quelque part près de ce qui peut être toi, j'ai déjà cheminé dans la brume. J'ai déjà aimé (tu apprécieras je pense... sur le plan strictement technique de la chute j'entends). Je lis rarement des lettres que j'aurais aimé écrire (là, il faut s'être débarrassé de Lucchini, je n'ai pas de violon sous la main alors je privilégie le battement de tambour de mon talon droit sur le sol).

dimanche 24 février 2008

Je Sais Pas Quoi Dire

Eh ouais, en meuf bien pourrie, je ne sais pas quoi écrire...
Faut dire que j'écris trop en ce moment. Je passe mon temps à rédiger et quand je ne rédige pas, je pense à ce que je vais bien pouvoir lui dire.
Et quand je ne rédige ni ne pense, je lis ce que lui, il m'a écrit.
Toujours pas de mail aujourd'hui... Ca devient une drogue.

samedi 23 février 2008

Le Clou


C'est un clou que j'ai fixé à ma fenêtre à l'époque où je faisais le mur toutes les nuits. Je me munissais d'un fil de laine que j'accrochais à ce clou et de l'extérieur, je pouvais fermer la fenêtre en tirant dessus. Ca évitait que les battants ne claquent trop au vent et qu'on entende trop les bruits de la rue. Et au petit matin, je n'avais qu'à pousser d'une main pour rentrer.

Le Temps des Cerises

Quand nous en serons au temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant

Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour

J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur

Jean-Baptiste Clément 1866

L'être de sexe masculin

Voici ce qu'on aurait pu tirer de mon journal intime quand j'avais seize ans et qu'on pourrait encore trouver (non, je ne grandis pas vite) ce soir si j'en tenais encore un :

La femme est un éternel sujet de réflexion pour les hommes. Ceux-ci se lamentent de ne pouvoir la saisir, préférant la prendre de temps à autre. La femme mystérieuse, la femme ceci, la femme cela. Freud aurait lui-même prétendu à la fin de sa vie ne pas avoir compris la femme, entendez par là, l'idée peu flatteuse que la femme n'est pas tout à fait normale, que son complexe d'Oedipe n'est pas bien carré et tutti quanti... Oui, la femme n'est pas carrée et c'est bien ça qui vous fait fantasmer bande de bâtards ! Les seins, les hanches, les fesses, tout est en rond, en courbe, en virage chez la femme. Venez pas nous faire chier.

La femme donc, est sujette au fantasme de mystère. Qu'y a-t-il à l'intérieure de cette créature maléfique ? On en a écrit des choses sur ce sujet de merde ! Mais n'est-ce pas parce que le machisme général dominant l'humanité depuis la nuit des temps a seulement évincé les femmes de la sphère littéraire (en tous cas très largement) et artistique ?
Vous, les gonzes, vous la fermez !

Oui, parce que si, nous, les femmes, avions eu le droit de nous exprimer sur cette autre espèce que sont les hommes, nous aurions, nous aussi, pu nous interroger sur le mystère qu'ils représentent.
A la différence près que chez eux, la difficulté n'est pas de trouver ce qu'il y a en eux. (Pratiquement rien, à vrai dire, à part le phallus) La difficulté est de trouver les raisons qui les motivent à agiter leur appendice comme une épée de guerre.

Chez les hommes il n'est rien de mystérieux : ils sont tous aussi primaires les uns que les autres. Vous ne les obtenez pas ? Il vous suffit de vous afficher avec un autre quelques minutes et les voilà qui brandissent fièrement leur bâton pour vous arracher de ce conccurent...

Les hommes ne sont qu'une extrême prévisibilité. La seule interrogation qui perdure c'est : pourquoi n'y a-t-il pas une seule exception pour confirmer la règle de cette navrante constante ?

vendredi 22 février 2008

Toi !


Toi !

Toi, là ! Toi qui dort, qui fait l'ange, qui fait le beau, qui fait le coq, qui fait le distant...
Toi, l'ignoble objet de mes désirs...
Toi ! Tu souffriras un jour!


J'y veillerai...

Place René Cassin (vite fait mal fait)

Louise Labé

C'est le poème que je fais apprendre cette semaine à mes élèves... Je dois moi aussi le connaître par coeur :

Je vis, je meurs, je me brûle et me noie
J'ai chaud extrême en endurant froidure
La vie m'est, et trop molle, et trop dure
J'ai grands ennuis entremêlés de joie

Tout à un coup, je rie et je larmoie
Et en plaisir, maint grief tourment j'endure
Mon bien s'en va et à jamais il dure
Tout en un coup, je sèche et je verdoie

Ainsi Amour inconstamment me mène
Et quand je pense avoir plus de douleur
Sans y penser, je me trouve hors de peine

Puis, quand je crois ma joie être certaine
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur

Don't Set Me Free de Ray Charles

C'est ce que j'écoute en boucle depuis hier soir. Puissance maximum, danse outrancière, pensée vagabonde. Je hurle les répliques de la meuf. Je remue mon boule en riant. Voilà, c'est tout.


free music